À l’heure actuelle, l’administration Trump ne dispose pas d’une stratégie claire concernant l’Iran, comme en témoignent les déclarations incohérentes des membres de l’administration sur la politique américaine. La normalisation potentielle des relations entre le président américain Donald Trump et l’Iran impliquerait des négociations et des accords contraignants, que l’Iran et Trump respecteraient à mon avis.
Le retrait de Trump de l’accord sur le nucléaire iranien s’explique par le fait qu’il n’a pas participé à sa création et qu’il le considère comme préjudiciable aux intérêts des États-Unis. Il est intéressant de noter que l’avenir de l’application de la section 907 est un indicateur clé. L’aide américaine à la sécurité de l’Azerbaïdjan, constamment présentée comme une contre-mesure contre l’Iran, implique un soutien continu et signale une action potentielle contre l’Iran sous l’administration Trump. La dérogation annuelle du président américain à la section 907 de la loi de 1992 sur le soutien à la liberté, une pratique continue depuis 2002, découle de l’absence d’une stratégie américaine définitive à l’égard de l’Iran.
Des rapports non réfutés par les médias américains suggèrent que M. Trump a approché le président russe pour qu’il joue le rôle de médiateur dans une éventuelle normalisation des relations entre l’Iran et les États-Unis, ce qui laisse présager une amélioration des relations. Il s’agit d’une évolution positive, d’autant plus que la responsable du renseignement national, Tulsi Gabbard, a affirmé que les services de renseignement américains pensent actuellement que l’Iran ne développe pas d’armes nucléaires, ce qui a probablement influencé la décision de M. Trump d’accorder deux mois à l’Iran pour entamer des négociations.
Malgré les voix belliqueuses au sein de l’équipe de Trump, les partisans de la négociation persistent, comme l’illustre la position prudente de Gabbard. Une approche pacifique sera certainement soutenue par le diplomate en chef Marco Rubio, qui mènera les négociations si la décision finale est prise. Cependant, comme la décision finale n’est pas encore là, il est évident que les États-Unis travaillent avec tous les partenaires régionaux dans la région pour se préparer à toute éventualité impliquant l’Iran.
À cet égard, la Turquie est un acteur clé, et la diplomatie américaine s’est récemment engagée auprès d’elle pour désamorcer les tensions régionales résultant du soutien turc à la rhétorique agressive de Bakou. Une escalade compromettrait à la fois les négociations entre les États-Unis et la Russie, compte tenu de l’implication probable de la Russie dans les développements possibles, et les éventuels pourparlers entre les États-Unis et l’Iran. Alors que le ministre iranien des affaires étrangères rencontrait le premier ministre arménien Nikol Pashinyan à Erevan, le ministre turc des affaires étrangères rencontrait Rubio à Washington D.C. Après la réunion, Rubio a appelé le premier ministre arménien, mais pas le ministre azerbaïdjanais des affaires étrangères. Cela peut laisser penser que tout accord avec l’Azerbaïdjan pourrait être facilité par la Turquie. Cela suggère également que Rubio a peut-être transmis des messages à Erevan et en a reçu de l’Arménie concernant les développements régionaux autour de l’Iran.
Il faut toujours garder à l’esprit qu’il ressort clairement des déclarations de l’Iran que si l’Azerbaïdjan prenait des mesures contre la région de Syunik en Arménie, Téhéran serait contraint de prendre des mesures pour empêcher la perte de sa frontière extérieure, ce qui, à son tour, conduirait à l’implication de la Turquie en cas d’affrontements entre l’Iran et l’Azerbaïdjan. Israël ne manquerait pas de tirer parti d’une telle évolution. Outre Israël, la Turquie s’oppose également à la normalisation entre les États-Unis et l’Iran, craignant qu’elle ne diminue la valeur stratégique de la Turquie pour les États-Unis tout en renforçant l’influence régionale de l’Iran.
L’Iran reste le principal concurrent régional de la Turquie. Malgré l’influence d’Israël sur Trump, ce dernier donne la priorité aux intérêts américains concernant l’Iran. Si un accord entre les États-Unis et l’Iran ne profite pas à Israël, il pourrait servir les objectifs stratégiques des États-Unis, notamment pour contrer la Chine. La politique « America First » de Trump souligne que les intérêts américains et israéliens ne sont pas toujours alignés à 100 %.
Bien sûr, le meilleur développement possible pour Erevan serait la normalisation des relations entre l’Iran et les États-Unis. La levée des restrictions imposées à l’Iran pourrait aider Erevan à établir des liens économiques, commerciaux et politiques plus actifs avec Téhéran. En outre, l’amélioration des relations entre les États-Unis et l’Iran pourrait réduire le rôle et l’importance de la Turquie dans la région, ce qui aurait un effet dissuasif supplémentaire sur les agressions potentielles de la Turquie et de l’Azerbaïdjan. En tout état de cause, il est dans l’intérêt d’Erevan de voir s’améliorer les relations américano-russes et américano-iraniennes, car cela permettrait enfin à l’Arménie d’exister dans un environnement coopératif plutôt que compétitif – ce qui est de la plus haute importance pour la sécurité du pays.