L’Arménie est en train d’être liquidée – tranquillement, systématiquement et avec une totale complicité
La République d’Arménie est au bord de l’anéantissement politique. Il ne s’agit pas d’une exagération. Il s’agit d’un processus déjà bien engagé, géré de l’extérieur, exécuté de l’intérieur et déguisé sous l’euphémisme de « paix ». S’il n’est pas arrêté, le soi-disant traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan deviendra l’instrument final de la capitulation – et le prélude à la disparition nationale.
Voici un aperçu de ce que le gouvernement actuel s’apprête à signer – sans résistance, sans négociation et sans honte.
Un traité sans garanties, sans gains et sans dignité
Le document en question est rédigé sous la pression étrangère et selon les conditions de Bakou. Il n’offre à l’Arménie aucune garantie de sécurité et peut être rompu à tout moment par l’Azerbaïdjan, dont le régime a déjà fait preuve d’une intention génocidaire.
Plus étonnant encore, le Premier ministre Nikol Pashinyan n’exige rien en échange de sa signature. Pourtant, la République d’Arménie s’engagerait à faire les concessions irréversibles suivantes :
- Un bâillon sur le génocide
L’Arménie accepterait de ne jamais parler du nettoyage ethnique et du génocide commis en Artsakh – et de dissoudre le groupe de Minsk de l’OSCE, le seul format international jamais consacré au conflit. Ce faisant, l’Arménie légitime ces crimes en les considérant comme des « solutions acceptables ». Ce qui s’est passé dans l’Artsakh pourrait se répéter dans le Syunik ou le Tavush – et le gouvernement resterait à nouveau silencieux. - Négation de l’effacement culturel
Le traité implique le silence sur la destruction du patrimoine culturel arménien dans l’Artsakh – un exemple classique de génocide culturel. - Renonciation à la mémoire nationale
Le gouvernement accepte de ne jamais évoquer, sur aucune tribune internationale, le génocide historique des Arméniens et la dépossession de millions d’Arméniens entre 1893 et 2023 dans leur propre patrie. - Concessions stratégiques
Un corridor terrestre ininterrompu et incontrôlé traversant Meghri et éventuellement d’autres régions d’Arménie serait accordé à l’Azerbaïdjan et à la Turquie hostiles – sans garantie de réciprocité. La voie ferrée de Meghri, en particulier, ne serait pas soumise à la surveillance ou au contrôle de l’Arménie, ce qui soulève de graves problèmes de souveraineté et de sécurité - Abandon du territoire
L’occupation par l’Azerbaïdjan d’environ 240 km² du territoire internationalement reconnu de l’Arménie est en train de se normaliser – sans même être liée à la signature du futur traité, et de plus en plus effacée du discours du gouvernement. - Saper l’existence de l’État
La Déclaration d’indépendance de l’Arménie – l’acte juridique fondateur de l’État – serait rayée de l’ordre constitutionnel et rétrogradée au rang de « document historique », dépourvu de tout poids et de toute signification juridiques. - Retrait des recours juridiques
Toutes les réclamations juridiques internationales contre l’Azerbaïdjan pour les crimes commis contre les Arméniens seraient retirées. - Le révisionnisme historique à l’école
Des changements seraient apportés au système éducatif qui déforment la vérité historique et effacent la conscience nationale. - Criminalisation de la résistance nationale
Le traité obligerait l’État arménien à restreindre ou à pénaliser les personnes et les entités qui s’opposent aux politiques anti-arméniennes incessantes du régime turco-azerbaïdjanais ou qui défendent les droits et la dignité de la nation arménienne.
Une liquidation silencieuse – présentée comme acceptable
Toutes les mesures énumérées ci-dessus ont un seul objectif : liquider la République d’Arménie sans bruit, sans indignation mondiale et avec un faux sentiment de « normalisation ».
Ce à quoi nous assistons n’est pas de la diplomatie, c’est de la capitulation. Non pas la paix, mais l’auto-abolition.
Dans la phase précédente, l’Arménie a perdu l’Artsakh, soit près d’un quart de son territoire de facto entre 1991 et 2020. Aujourd’hui, on jette les bases de la disparition des trois quarts restants, en dépouillant le pays de sa sécurité militaire, économique, démographique, culturelle et morale.
La prochaine vague arrive. La prochaine déportation. Parce que ce gouvernement a abandonné la résistance comme principe.
Si, pour les grandes puissances, le sang arménien ne vaut rien depuis longtemps, Pashinyan est là pour le confirmer : il vaut tout aussi peu pour les dirigeants actuels de l’Arménie.
Ce « traité de paix » est un nouveau traité de Kars, mais en pire
Le document proposé aujourd’hui n’est rien d’autre qu’une réincarnation moderne du traité de Kars de 1921, signé sous la pression soviétique avec la Turquie kémaliste. La principale différence ? Au moins en 1921, l’Arménie recevait des garanties de sécurité soviétiques. Aujourd’hui, elle n’en reçoit aucune.
La « paix » promise par ce traité sera de courte durée et illusoire – et elle créera toutes les conditions préalables à la destruction physique et politique de l’Arménie.
Il est temps de refuser la capitulation – et d’organiser la résistance
La voie choisie par les dirigeants actuels de l’Arménie doit être rejetée. La résistance doit être organisée – maintenant.
Malheureusement, l’opposition a échoué dans cette tâche. Que ce soit par incompétence ou à dessein, elle a laissé le peuple sans leadership. La haute bureaucratie de l’État se considère comme détachée de la nation. Et le peuple reste sans tête.
Demain, il sera peut-être déjà trop tard.