Un événement passé presque inaperçu dans le milieu médiatique français : en décembre 2023 la Turquie et le Qatar signaient douze accords de coopération couvrant divers domaines tels que le secteur culturel le travail, l’aide humanitaire, l’enseignement de la langue turque au Qatar, un accord-cadre militaire entre les deux pays, la coopération scientifique la coopération dans le domaine de l’information et de la communication, etc.
Le Qatar est le seul allié de la Turquie dans la région moyen-orientale. La coopération entre les deux États prend de formes diverses et variées et touche toute la palette des relations interétatiques, du militaire au diplomatique en passant par l’économique.
Déjà, le Qatar accueille une base militaire turque permanente depuis 2016 et la signature de l’accord relatif entre les deux pays pour sa construction. Le processus de sa construction et de l’envoi des premiers militaires turcs avait été accéléré en 2017 à cause de la crise diplomatique de juin 2017 entre divers pays arabes et le Qatar.
Il convient de noter qu’aujourd’hui les deux pays partagent pratiquement tous leurs agendas régionaux. Tous deux aspirent à développer un programme islamiste au Moyen-Orient et même en Afrique. Pour ce faire, le Qatar et la Turquie s’appuient sur les Frères musulmans, une organisation aux racines égyptiennes qu’ils financent et qui est considérée comme une organisation terroriste par nombre d’États, dont son pays d’origine ainsi que par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Bahreïn et la Russie, entre autres.
Également, le Qatar finance-t-il, dans les faits, l’intervention turque en Libye et offre-t-il à son allié turc l’appui logistique indispensable pour le déroulement de ses opérations dans ce pays.
Autre domaine dans lequel le soutien du Qatar est primordial pour la Turquie : l’économie. Pour faire face à la crise économique turque les pétrodollars qataris coulent à flot.
Le Jeu du Qatar et les Rafales français vendus à l’émirat
Les tensions s’accumulent entre la Turquie et ses voisins. Un nouveau fait dans le domaine de la politique turque à l’égard de ses voisins vient de surgir dans le monde des spécialistes : la vente des avions Rafales au Qatar par la France, risque de profiter à la Turquie.
La Turquie veux mieux connaitre ces avions afin de monter en compétence et mieux y faire face en cas de conflit avec ses voisins (la Grèce, l’Egypte, mais aussi les Emirats), tous équipés de Rafales. A cet effet, la Turquie a signé un partenariat avec le Qatar dont les termes viennent d’être dévoilés[1]. En réalité, cet accord a été motivé par les Rafales qataris. Il prévoit entre autres, des entrainements communs ainsi que la mise à disposition des autorités turques par le Qatar de ses moyens logistiques en cas de besoin, pour le transport de personnels, matériels ou munitions turques lors de déploiements mais aussi au sein même du pays. Cela confirme que le partenariat ne s’arrête pas à une capacité réciproque d’entraînement mais comprend également un volet opérationnel.
Au-delà du Qatar : Les velléités africaines d’Erdoğan
Le triangle des bases turques, déjà en activité ou en projection (Qatar, Soudan, Somalie) n’augure rien de bon pour les adversaires de la Turquie et montre la volonté de cette dernière de devenir un acteur majeur au Moyen-Orient et en Afrique. En effet, avec Doha, Modagiscio et Suakin, la Turquie réalise une triangulation de bases et d’alliances qui enserre ses ennemis du Golfe et lui permet une extension vers l’Afrique, un de ses traditionnels débouchés.
La Turquie ne se satisfait plus du soft power en Afrique. Elle opère un tournant militaire à partir du milieu des années 2010 : en 2017, elle installe à Mogadiscio, la capitale de la Somalie, un camp d’entraînement qui s’apparente à une base militaire extérieure, tandis qu’un rapprochement stratégique avec le Soudan lui permet d’obtenir la même année une concession de 99 ans sur la presqu’île de Suakin en mer Rouge[2].