Par Amir Tibon
Bientôt, Biden appellera à la fin de la guerre. Et Netanyahu l’attaquera
La seule question qui se pose à M. Biden est donc de savoir à quel moment, en 2024, il souhaite se battre avec M. Netanyahou.
Au cours des 60 derniers jours, le président américain Joe Biden a offert son soutien total à Israël dans sa lutte contre le Hamas dans la bande de Gaza. Il a envoyé deux porte-avions et est devenu le premier président américain de l’histoire à se rendre en Israël pendant un conflit actif. Il fait également la promotion d’un vaste programme d’aide à Israël auprès du Congrès.
Malgré tout, il ne sera pas surprenant que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu commence à attaquer Biden dans les prochaines semaines. Les porte-parole de M. Netanyahu dans les médias israéliens ont déjà commencé. Ils présentent le président qui a tant fait pour Israël au cours des deux derniers mois comme une sorte d’ennemi. Cela ne se produirait pas sans l’approbation et l’encouragement de personnes influentes dans l’orbite de Netanyahou.
M. Netanyahu estime que M. Biden est à quelques semaines d’appeler à la fin de la guerre. Israël va bientôt conquérir tous les quartiers de la ville de Gaza, et l’armée opère déjà dans la partie sud de l’enclave côtière, brisant la résistance du Hamas à Khan Yunis. Les seules zones de Gaza dans lesquelles Israël n’est pas encore entré se trouvent dans le sud-ouest, où de nombreux civils vivent dans des camps de réfugiés surpeuplés après avoir fui leurs maisons.
Nous approchons du moment où M. Biden pourra dire à M. Netanyahu : “Je vous ai soutenu sans réserve pendant des semaines, en dépit d’une forte opposition au sein de mon propre parti et de plaintes constantes de la part de mes proches alliés. Vous avez atteint presque tous les coins de la bande de Gaza. Il est maintenant temps de retirer la plupart des soldats, de reconstruire les communautés israéliennes à la frontière de Gaza et de commencer à planifier l’avenir afin qu’une situation comme celle du 7 octobre ne se reproduise plus jamais.
Pour M. Netanyahou, tous ces éléments constituent un énorme problème. Il veut que cette guerre dure éternellement – ou au moins jusqu’à l’élection présidentielle américaine de novembre 2024. Le jour où la guerre sera terminée, Israël sera balayé par une vague de protestations comme le pays n’en a jamais connu auparavant. Sa coalition gouvernementale pourrait s’effondrer.
Lorsque Biden se décidera enfin à dire “cessez-le-feu”, probablement dans quelques semaines, Netanyahou se retournera contre lui sans aucune hésitation, ignorant complètement tout ce que le président a fait pour lui depuis le 7 octobre. Sans le soutien de Biden, Israël serait aujourd’hui en train de mener une guerre de survie sur deux ou trois fronts, tout en étant confronté à un effondrement économique et au déplacement de centaines de milliers de citoyens.
Pour M. Netanyahou, cependant, la bataille la plus importante est la bataille personnelle. C’est sa propre survie qui est en jeu. La seule question qui se pose à M. Biden est donc de savoir à quel moment de l’année 2024 il souhaite se battre avec M. Netanyahou : en janvier ou plus tard dans l’année, à l’approche des élections ? Cette question déterminera son approche alors que l’armée achève son opération à Gaza.