La Turquie représente-t-elle une menace pour Israël ? La guerre entre Israël et l’armée turque est-elle inévitable après la guerre de l’Iran contre Tel-Aviv ?
par Khaled Al-Jayousi
Une fois de plus, le président turc Recep Tayyip Erdoğan fait l’objet d’une attaque israélienne féroce et la Turquie est placée sur la carte des intentions israéliennes malveillantes, dont le tour viendra après celui de l’Iran.
La position du président turc était explicite dans son soutien à l’Iran. Il a même prédit la victoire du peuple iranien dans la récente guerre entre Israël et l’Iran, tout en avertissant son allié dans le mouvement nationaliste, Devlet Bahceli, que la Turquie serait la prochaine.
Amichai Chikli, ministre israélien des Juifs de la diaspora et de la lutte contre l’antisémitisme, a lancé une attaque virulente contre le président Erdogan et a vivement critiqué le rôle de la Turquie dans la région.
La Turquie est le prochain Iran et Erdogan est l’un des « plus gros problèmes d’Israël », a déclaré sans ambages M. Chikli dans une interview accordée à la chaîne israélienne Channel 14.
Il s’agit d’une déclaration remarquable qui prédit que la Turquie sera le prochain Iran du point de vue israélien, ce qui signifie qu’elle portera la bannière de l’hostilité envers l’entité, mais à une condition dont le président turc a déjà parlé : la dissuasion totale
Le ministre israélien a accusé Erdogan de rêver de devenir calife pour répandre une confrérie djihadiste toxique extrêmement dangereuse.
Les opposants du président turc soulignent que ce dernier est un ami du président Donald Trump, ce qui pourrait maintenir la Turquie dans l’alliance américaine, alors qu’elle est déjà membre de l’OTAN. Alors pourquoi Israël a-t-il peur de l’armée turque ? Est-ce lié aux penchants islamistes d’Erdogan et à sa rhétorique antisioniste ?
Le ministre israélien Chikli estime qu’Erdogan « a une grande influence dans le monde islamique », ajoutant que « l’armée iranienne n’est rien comparée à l’armée turque ».
Le président turc ne veut apparemment pas compter sur les armes américaines ou russes, car Erdogan a déclaré que le système de défense aérienne russe S-400 n’était pas suffisant pour répondre à tous les besoins de son pays en matière de défense aérienne.
La guerre de 12 jours semble avoir servi de leçon au président turc, comme l’a expliqué Erdoğan, selon l’agence Anadolu : « Le système de défense aérienne ne se limite pas au S-400. Notre public l’a clairement compris ces derniers jours [en raison du conflit dans la région]. Nous devons mettre en place un système de défense aérienne à plusieurs niveaux. Il est très important d’avoir des missiles qui opèrent à différentes altitudes de manière coordonnée ».
M. Erdogan a souligné que la Turquie avait fait des progrès significatifs en matière de capacités de missiles, mais que ces progrès restaient insuffisants. Il a déclaré : « Nous construisons un système intégré appelé « Dôme de fer ». Nous intégrons des systèmes de défense aérienne à altitude multiple, des capteurs et des systèmes de guerre électronique que nous avons développés en interne ».
La question de la « livraison » des avions de combat F-35 à la Turquie reste un sujet d’interrogation, et les raisons pour lesquelles Washington tarde à les livrer ne sont pas claires. On ne sait pas non plus si cette question est uniquement liée à l’achat par Ankara de l’avion russe S-400, qui l’a privé en 2019 de l’avion américain. Dans ce contexte, Erdogan a déclaré : « Nous avons discuté de la question des avions de combat F-35. Nous avons payé entre 1,3 et 1,4 milliard de dollars pour ces avions, et nous avons remarqué que Trump a de bonnes intentions concernant la livraison. »
Selon le rapport annuel du secrétaire général de l’OTAN, les dépenses de défense de la Turquie sont passées de 1,45 % en 2014 à 2,09 % en 2024. Cette année, Ankara a alloué environ 31,8 % de son budget de défense à l’achat d’équipements majeurs et à la recherche et au développement, dépassant nettement l’objectif minimum de 20 % fixé par l’alliance.
La question qui se pose est la suivante : la Turquie pourrait-elle s’engager dans une guerre directe avec Israël, si celui-ci est la prochaine cible après l’Iran, comme le préviennent un certain nombre de ses responsables ? Et quelle est la probabilité qu’elle puisse gagner, compte tenu de l’inévitable soutien américain à Israël ?
Le journal Yeni Şafak a déclaré que la Turquie était capable de remporter toute confrontation militaire potentielle avec Israël, même avec le soutien des États-Unis, mais il a lié cette victoire à plusieurs facteurs qui doivent être réunis.
Dans son article, l’écrivain turc Ismail Kılıç Arslan se demande si « la Turquie est préparée à une guerre potentielle, voire inévitable, avec Israël ». Selon lui, la Turquie est largement préparée et le devient de plus en plus, mais le véritable défi réside dans la clarté des positions du monde islamique et dans la mesure où le front intérieur est fortifié.
L’auteur se demande pourquoi le monde islamique ne soutient pas Téhéran, bien que ce dernier ait « lancé des missiles sur Israël et, comme il l’a décrit, causé des moments de terreur aux chiens sionistes ».
La Turquie est-elle mieux lotie que l’Iran, qui bénéficie du soutien du monde islamique, à la différence près qu’elle n’a jamais tiré une arme sur l’État occupant d’Israël ? Le monde arabe et islamique craint depuis longtemps le « projet expansionniste ottoman » qui cherche à renaître, compte tenu des expériences historiques antérieures qui expliquent les exploits des « nouveaux Ottomans ».