L’Arménie condamne les frappes israéliennes sur l’Iran

par | 19 Juin 2025 | Tribunes libres

EREVAN (Azatutyun) – L’Arménie a condamné vendredi 13 juin les frappes israéliennes de la nuit sur les installations nucléaires et les sites militaires de l’Iran voisin et a appelé à une cessation immédiate de l’action militaire.

 

« L’attaque unilatérale contre l’Iran est profondément préoccupante », a déclaré le ministère arménien des affaires étrangères dans un communiqué. « Se déroulant avant le prochain cycle de négociations [américano-iraniennes], elle met en péril les efforts de paix ainsi que la stabilité régionale globale et la paix mondiale.

« Nous condamnons cette action et appelons à la cessation immédiate des hostilités et au respect du droit international », ajoute le communiqué.

« Ce qui s’est passé aujourd’hui n’est pas seulement une menace pour l’Iran ou le Moyen-Orient, mais aussi un problème pour l’Arménie », a déclaré pour sa part Armen Grigoryan, secrétaire du Conseil de sécurité arménien.

« Il s’agit d’une atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran, qui aura naturellement un impact négatif sur la région, et l’escalade n’apportera naturellement aucun bénéfice aux pays de la région. Nous espérons qu’il sera possible de résoudre la question pacifiquement dès que possible », a ajouté M. Grigorian lors d’une table ronde à Erevan.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël avait lancé des frappes « préventives » « pour faire reculer la menace iranienne qui pèse sur la survie même d’Israël » et empêcher Téhéran de fabriquer une arme nucléaire. Selon les médias iraniens, les frappes ont notamment touché le site de commandement du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) et des zones résidentielles à Téhéran et dans d’autres villes.

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a averti qu’Israël subirait de graves conséquences pour avoir lancé ces attaques.

« Avec ce crime, le régime sioniste s’est préparé à un destin amer et douloureux qu’il ne manquera pas de subir », a déclaré M. Khamenei dans un communiqué.

L’escalade a entraîné l’annulation des vols commerciaux entre Erevan et Tel-Aviv, Téhéran et d’autres destinations au Moyen-Orient.

De nombreux décideurs, hommes politiques et experts arméniens craignent qu’une attaque militaire israélienne ou américaine sérieuse contre l’Iran n’ait des conséquences considérables pour la sécurité de l’Arménie. Ils considèrent l’Iran comme un moyen de dissuasion essentiel contre les menaces implicites de l’Azerbaïdjan d’ouvrir un corridor terrestre vers son exclave du Nakhitchevan et la Turquie, qui passerait par Syunik, la seule province arménienne limitrophe de la République islamique.

Téhéran a mis en garde à plusieurs reprises contre les tentatives visant à priver l’Iran de sa frontière commune avec l’Arménie. Les troupes arméniennes et iraniennes y ont organisé en avril un tout premier exercice militaire conjoint.

Malgré les tensions géopolitiques et l’incertitude engendrées par les attaques israéliennes, le Premier ministre Nikol Pashinyan s’est envolé vendredi matin pour la République tchèque afin de participer à un forum international qui s’y déroulera.

Le ministre des affaires étrangères Ararat Mirzoyan a téléphoné à son homologue iranien Abbas Araghchi samedi, un jour après le début des frappes israéliennes sur les installations nucléaires et les sites militaires iraniens, condamnées par l’Arménie.

Dans un message publié sur X, M. Mirzoyan a déclaré qu’ils avaient discuté « des récents développements et échangé des points de vue sur la situation actuelle ».

« Conformément à la position exprimée par l’Arménie, j’ai souligné l’importance de gérer les risques et d’éviter une escalade dans la région », a-t-il écrit. « Nous restons en contact étroit, notamment en ce qui concerne les discussions [de l’Agence internationale de l’énergie atomique].

Le ministère arménien des affaires étrangères a publié un compte rendu identique de l’appel téléphonique qui a suivi les attaques de missiles de représailles de l’Iran sur Tel Aviv et d’autres villes israéliennes. La partie iranienne n’a pas immédiatement commenté la conversation.

Jusqu’à présent, l’Arménie n’a pas demandé à ses citoyens de quitter l’Iran. L’ambassade d’Arménie à Téhéran a déclaré vendredi après-midi qu’ils devaient « rester vigilants, suivre les instructions officielles et contacter l’ambassade en cas d’urgence ».

Nombreux sont ceux qui, en Arménie, craignent qu’un éventuel affaiblissement ou une déstabilisation de l’Iran n’incite l’Azerbaïdjan à envahir l’Arménie pour tenter d’ouvrir un corridor terrestre vers son enclave du Nakhitchevan. Le corridor recherché par Bakou, mais auquel Téhéran s’oppose fermement, passerait par Syunik, la seule région arménienne limitrophe de la République islamique.

Les dirigeants iraniens ont à plusieurs reprises mis en garde contre les tentatives visant à priver l’Iran de sa frontière commune avec l’Arménie. En avril, les troupes arméniennes et iraniennes y ont organisé le premier exercice militaire conjoint de leur histoire.

Source :

Armenia Condemns Israeli Strikes on Iran

Traduit de l’anglais par Jean Dorian