Négociations à Washington

par | 19 Juil 2023 | Tribunes libres

Négociations à Washington

Par Suren Sargsyan, 02/07/2023

 

Il n’y a pas eu de détails particuliers ou de fuites dans les médias concernant la réunion à Washington entre les ministres des Affaires étrangères de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan à la fin du mois de juin, mais il est évident que Washington tente de réguler les relations arméno-azerbaïdjanaises tant que Moscou est occupé par la guerre en Ukraine et concentre ses ressources dans cette direction.

Alors que le processus de négociation se déroulait à Washington, la partie azerbaïdjanaise a entrepris des actions agressives contre l’Arménie, à la suite desquelles de nombreux militaires arméniens ont été tués ou blessés. Etant donné que la partie arménienne ne s’est pas retirée des négociations immédiatement après l’incident, on peut supposer qu’elle a accepté les conditions préalables et les pressions de l’Azerbaïdjan.

Il est difficile de prédire si la médiation américaine aboutira à un résultat final. Il y a tout juste un mois, les parties étaient à Moscou lorsque le président russe Vladimir Poutine les a invitées à venir en Russie en tant que médiateur dans les négociations sur les mêmes questions. Cette situation s’inscrit sans aucun doute dans le cadre de la concurrence géopolitique naturelle entre l’Occident et la Russie, non seulement dans le Caucase du Sud, mais dans le monde entier. Bien entendu, cette compétition concerne également l’éventuel accord de paix. Selon certaines informations disponibles auprès de sources arméniennes, deux documents ont été présentés récemment aux parties. Selon la version occidentale, l’Arménie reconnaît l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et le Haut-Karabakh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan, et selon la version russe présentée, la question du statut du Haut-Karabakh est laissée en suspens. N’oublions pas non plus qu’il y a plusieurs mois, des informations circulaient dans les médias arméniens selon lesquelles deux documents étaient proposés aux parties : le document de Bruxelles, qui est également soutenu par Washington, et celui de Moscou. Il est évident que les intérêts de la Russie seront pris en compte dans la version russe, et les intérêts de l’Occident dans la version Bruxelles/Washington.

La version que les dirigeants arméniens choisiront dépendra de la pression qu’exerceront sur eux la Russie, l’Occident, l’Azerbaïdjan et la Turquie. Cependant, il est clair que l’Arménie devra choisir entre le pire et le pire, et que l’accord de paix impliquera un acte juridique de capitulation, car la déclaration signée le 9 novembre n’était qu’une déclaration qui n’a pas été renforcée par des mécanismes juridiques nationaux ou internationaux.

 

Traduit de l’anglais par Jean Dorian
Source :
https://mirrorspectator.com/2023/07/02/negotiations-in-washington/